Le miroir, objet emblématique de la décoration
Publié par Galerie Atena on 17.06.20
L'histoire des premiers miroirs fabriqués remontent très loin dans le temps, vers l'an 6000 av. J.-C. Les exemples les plus anciens sont en pierre polie, puis en métal poli, cuivre ou bronze. Les miroirs antiques étaient fabriqués dans des plaques de métaux rendus brillants par polissage. Le dos et le manche de certains miroirs à main était ornés de scènes de la vie quotidienne des femmes, ou encore des figures de déesses. A partir du premier siècle, étain, bronze, argent et or sont doublés en surface par du verre.
En Europe, au XIIIe siècle et surtout au XIVe siècle, les miroirs sont doublés en plomb puis dans un amalgame d'étain. Les modèles les plus fameux de la Renaissance sont, sans doute, les miroirs étamés vénitiens du XVe siècle. Ces miroirs des dimensions réduites avaient un grand pouvoir de réflexion. Plus tard, au milieu du XVIIe siècle, on parvient à réaliser de très haut miroirs destinés à être placés sur des consoles à plateau en marbre ou, vers la fin XVIIe siècle et tout au long du XVIIIe siècle, au-dessus des cheminées.
Paire de miroirs de style Vénitiens en bois doré, XVIIe siècle
La technique du verre coulé a permis la réalisation de glaces de grandes dimensions. Leur usage était double : décorer richement une pièce et multiplier les sources de lumière par réflexion. Durant les XVIIIe et XIXe siècles, le miroir est un élément central de la décoration des intérieurs aristocratiques et bourgeois. Par la suite, les encadrements de miroir - souvent en bois sculpté et doré, sont devenus une industrie fructueuse, certains étant estampillés par des spécialistes de la sculpture sur bois.
Le miroir aux XVIIe et XVIIIe siècles
La découverte du miroir en verre est une véritable révolution. Venise est réputée aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles pour ses verreries qui utilisent cette nouvelle technique. Les maitres verriers de Murano en gardent précieusement le secret de fabrication. De ce fait, l'Italie conserve jusqu'au XVIIe siècle, l'exclusivité de la fabrication et exporte ses création dans le reste de l'Europe.
Les premiers miroirs vénitiens ont des simples cadres en bois. Progressivement, ils s'adaptent à l'esprit Renaissance et Baroque, et affichent un décor somptueux avec des colonnettes, des frontons, des perles et des personnages mythologiques.
Les cadres en bois sculpté et doré sont richement ornés de motifs feuillagés et d'éléments polychromes. Des éléments en bronze doré et des pierres précieuses sont parfois associés au bois. Au XVIIIe siècle, le style Rococo avec ses formes torses et asymétriques connait une grande popularité. Au cours du XVIIIe siècle, des manufactures apparaissent dans d'autres pays européens, mais les miroirs vénitiens continuent à être imités.
Le miroir au XIXe siècle
Le miroir psyché apparait à l'extrême fin du XVIIIe siècle, sous le Consulat (1799-1804). La fabrication courante des glaces de grande taille rend possible la création de ce nouveau meuble qui s'intègre rapidement dans l'aménagement intérieur.Une grande glace pivotante entourée d'un cadre de bois d'acajou et soutenue par deux montants en colonne ou en balustre repose sur un socle important. Les motifs antiques, les lyres, les palmettes, les cygnes, les griffes de lion en bronze ou bois doré constituent son ornementation. Deux bras de lumière sont fixés parfois sur les montants latéraux.
Ce meuble indispensable pour l'ajustement d'une toilette, est très en vogue dans les premières années du XIXe siècle, sous l'Empire et la Restauration. Fascinée par la mode et soucieuse de la qualité de ses décors et ameublements, Joséphine avait commandé plusieurs psychés pour sa chambre et ses cabinets de toilette de Tuileries et de Malmaison.
Au XIXe siècle, les meubles évoluent selon les besoins de la bourgeoisie en pleine ascension. Les fabricants de meubles fournissent des modèles puisés dans le répertoire des siècles passés. La Restauration voit l'apparition de modèles néo-rocaille, imaginés par l'ébéniste Aimé Chenacard (1798-1838). Mais c'est surtout au début du Second Empire que la mode s'empare avec frénésie des styles d'autrefois.
L'époque Napoléon III se distingue en effet par un vaste mélange des styles des XVIIe et XVIIIe siècle. De nombreux meubles en marqueterie de style Boulle, de salons Louis XV et Louis XVI, de petits objets en porcelaine dans le goût de Meissen sont fabriqués. Des ébénistes comme Louis-Auguste Alfred Beurdeley (1808-1892) et Guillaume Grohé (1808-1885), fournisseurs de l’empereur et de l'impératrice, sont célèbres pour leurs meubles d'une qualité exceptionnelle, inspirés des grands modèles du XVIIIe siècle. L'ameublement se diversifie et d’innombrables objets ornent les intérieurs bourgeois.
Sous Napoléon III, la mode des grand miroirs persiste, mais ils sont plutôt accrochés au murs. Le décor des cadres est inspiré des motifs empruntés aux styles anciens, notamment Louis XIV et Louis XV.
Miroir de style Louis XIV en écaille de tortue et laiton, dit "Huguenot"
Le style Rocaille est très apprécié et de nombreux modèles proposent des encadrements richement ornés de rocaille, de feuillages déchiquetés et des thèmes exotiques, dans un esprit asymétrique. Des miroirs à parecloses à riche décor en bois mouluré et laiton rappellent le style Louis XIV.
Le miroir à parecloses est une glace réfléchissante dont la partie centrale est entourée d'un large cadre présentant également des parties en miroirs. Les modèles que nous avons sont somptueusement ornés de grands bouquets ajourés et de frontons feuillagés.
Miroir de table en bronze patiné et doré, "l'amour boudeur", époque Charles X
Des modèles plus petits ornent tables et consoles. Les artisans imaginent des décors en émaux cloisonnés ou des représentations d'Amour et Psyché. Notre miroir de table en porcelaine reproduit les décors riches et chatoyantes de Jacob Petit et interprètent les porcelaines de Meissen.