Le style Directoire (1789-1804)
Publié par Galerie Atena on 19.10.14
Les profondes troubles sociales et politiques qui marquent cette période agissent directement sur la production des meubles Directoire. Le dépouillement des pièces de mobilier commencé dans les années 1780 sous l’influence de l’art grec, s'accentue durant cette période. La suppression des corporations par les révolutionnaires et la disparition des ébénistes obligent les fabricants du faubourg Saint-Antoine à simplifier les formes et les matériaux.
Elégants et gracieux, les meubles sont généralement de format réduit. Ils gardent la structure Louis XVI et leurs expressions sont peu variées. Le style Directoire adopte des formes nettes, des lignes droites, des courbes simples, des surfaces planes et des angles droits. Les lignes accentuent les formes géométriques inspirées de l’Antiquité.
Les pièces d'ameublement sont souvent en bois massif : noyer, orme, bois fruitiers et hêtre. Seuls les meubles de luxe sont en acajou massif et sculpté, ou en placage d'acajou.
La table Directoire dans notre collection est de ce fait, une pièce exceptionnelle. Sa structure reprend celle des tables Louis XVI, avec l'utilisation des rallonges (par le milieu) et l'usage de l'acajou. Fermée, elle est de forme ronde et ses pieds sont en gaine sur des roulettes. L'ornementation est réduite au minimum - filets sous la ceinture et aux sabots en bronze doré ; c'est la structure du meuble et ses lignes qui lui confèrent toute son élégance.
Les meubles peints, en hêtre, sont très fréquents, laqués dans des tons de blanc, gris, bleu pâle ou vert d’eau, rehaussés de dorures ou de tons contrastés, souvent en camaïeu imitant les décors pompéiens.
Les incrustations d'ébène, de citronnier, plus rarement de nacre et de cuivre, ornent discrètement les pièces de mobilier en bois. Ces filets de bois contrastés se substituent à la marqueterie, qui est presque totalement supprimée à cause du manque de main-d’œuvre et de l'appauvrissement général. Sur les meubles peints, les incrustations sont imitées par de simples filets de couleur.
L’ornementation
L'ornementation Directoire est très discrète et n’envahit jamais la structure du meuble. L'absence des ornemanistes est la cause principale de cette sobriété ornementale. Parmi les motifs caractéristiques de cette période, on peut citer :
- Le losange, sculpté en léger relief ou peint, entourant souvent un motif central comme un vase grec, un médaillon ou une rosace.
- La palmette, déjà utilisée sous Louis XVI, est utilisée très largement, en frise ou en bandeau.
- Les motifs révolutionnaires et symboliques : les faisceaux, le bonnet phrygien, les rameaux de chêne, les mains jointes - symbole de la fraternité, ou encore le triangle avec un œil au milieu – métaphore de la raison, disparaissent assez rapidement.
- Les motifs "à l'antique" tels que les vases, les urnes, les colonnes dégagées, les lions ailés, les cygnes, les griffons, les génies ailées, la Renommée tenant des couronnes sont utilisés, quant à eux, inlassablement.
Le style "retour d'Egypte"
Vers la fin du siècle, un événement historique et culturel vient enrichir les motifs d'inspiration gréco-romaine : l'expédition d'Égypte (1798-1801). Si les motifs égyptiens étaient déjà présents parmi les ornements antiques sous Louis XVI, cette fois le décor égyptien domine, entraînant la recrudescence de l'égyptomanie ou la "mode d’Égypte".
Des personnage pharaoniques soutiennent les ceintures des consoles ou les plateaux des guéridons, des sphinx et des sphinges, des griffons et des lions ailés prennent la place des consoles d'accotoirs ou ornent les commodes sous forme de bronzes dorés. D'autres motifs typiquement égyptiens comme les vautours aux ailes déployées complètent le répertoire antiquisant. Les pieds des meubles sont en forme de griffe ou de patte de fauve.
L'égyptomanie a profondément marqué les arts décoratifs et a touché toutes les catégories de meubles et d'objets d'art. Tous ces motifs sont répertoriés et diffusés dans La Mésengère - admirable recueil de caricatures de mode, ou le Journal de la Mode et du Goût, qui servent de guides aux professionnels du mobilier et de la décoration. Cette mode égyptienne se poursuit sous le Consulat et l'Empire, avant d'être redécouverte dans les années 1830 par l'école romantique.