Le style Louis XVI (1774-1790)
Publié par Galerie Atena on 02.07.14
Après la période de recherche du style Transition (1765-1775), le style Louis XVI s’affirme au début des années 1770, comme l’expression élégante d’un retour au classicisme dégagé du rigorisme du goût « à la grecque » et de l’exubérance du style Rocaille. Les découvertes archéologiques de Pompéi et d’Herculanum à partir de la fin des années 1730, inspirent les arts décoratifs et relancent l’intérêt pour le style antique.
Pendule "Vénus sur son char" de style Louis XVI en bronze doré
Les meubles et la décoration intérieure
Si Louis XVI a des goûts plutôt simples, Marie-Antoinette aime le luxe et s’adonne à la décoration, domaine où elle entend donner le ton. Elle fait notamment construire dans les résidences royales de Versailles, des Tuileries, de Compiègne et de Fontainebleau des appartements conformes à ses goûts, qu’elle décore et meuble en passant commande auprès des plus grands représentants des métiers d’art de son temps.
Salon de style Louis XVI en bois doré et soierie verte
Jean-Henri Riesener, probablement le plus talentueux des ébénistes de son époque, travaille presque exclusivement pour la reine. Il crée des meubles qui se distinguent par leurs proportions élégantes, la qualité des matériaux employés et l’excellence de leur facture.
Secrétaire à cylindre d'après un modèle de Riesener attribué à la Maison Beurdeley
Adam Weisweiler, ébéniste allemand dont la notoriété dans les cours européennes était considérable, est invité par la reine à Paris. Il s’installe rue du Faubourg-Saint-Antoine, haut lieu de l’ébénisterie au XVIIIe siècle, où il produit des meubles de petit format dont de nombreuses tables.
Parmi les menuisiers les plus connus, il y a Georges Jacob, fournisseur du Garde-Meuble dès 1774 et Jean-Baptiste Séné qui obtient aussi le titre de fournisseur du Garde-Meuble en 1785.
Le style Louis XVI conserve certains des meubles aux usages multiples du style Louis XV, dont les lignes perdent leur mouvement pour gagner en rectitude et sobriété. De manière générale, à partir des années 1770, tous les meubles abandonnent la prédominance des courbes pour s’adapter au style à la grecque. Les surfaces planes et les angles droits reviennent à la mode. L’ornementation intervient pour adoucir cette sévérité sans jamais interrompre la ligne et en respectant une symétrie absolue par rapport à l’axe médian.
Diverses modifications et nouveautés sont à signaler. Les plateaux des guéridons ovales ou ronds et de certaines petites tables servantes sont ceints d’une galerie de cuivre.
Les armoires ont une fine corniche moulurée en saillie et parfois droite. La traverse inférieure est presque toujours découpée, moulurée ou sculptée ; les pieds sont en console ou en roquillard. Le plus souvent une grecque, des couronnes de fleurs, de rinceaux et d’acanthe se mélange à des rangs de perles et à des cannelures.
Paire de consoles en noyer et marbre de style Louis XVI
La commode, droite et sans ressaut, figure toujours dans les salons. Des consoles et des encoignures en noyer ou en bois fruitiers y sont assorties et l’on voit aussi des modèles en demi-lune. Les secrétaires droits à abattants, ornés de riches marqueteries ou de laques japonaises ou européennes, sont aussi très appréciés.
Les sièges de style Louis XVI sont particulièrement élégants. Les dossiers présentent des formes variées et inédites : en chapeau, en raquette, en lyre, en gerbe et surtout en médaillon, dossier typique du cabriolet.
Des objets précieux, pièces d’orfèvrerie et de porcelaine, statuettes de marbre ou de bronze, des chandeliers, des appliques et surtout de nombreuses pendules en marbre et bronze doré et patiné sont posés sur les cheminées et les meubles pour animer la décoration.
L’ornementation
Le style Louis XVI retrouve le répertoire antique : frises de grecques et d’entrelacs, rosaces, perles, oves, baguettes, entrelacs, rais-de-cœur, feuilles de laurier ou d’acanthe aux contours réguliers, enfin le médaillon, toujours ovale, orné dans sa partie supérieure d’un nœud de ruban. La ligne droite revient en force et est omniprésente. Il n’y a plus aucune sinuosité : seuls les demi-cercles et l’ellipse sont tolérés.
Imposante paire d'appliques de style Louis XVI d'après Thomire
Toutefois, ce répertoire classique n’a pas la rigueur du très formel style grec. Dans sa première partie, le style Louis XVI conjugue les éléments antiques avec des motifs de fleurs, palmettes et guirlandes de fleurs et feuillages, inspirés du retour à la nature, si apprécié par Marie-Antoinette.
Sous son impulsion, la décoration s’enrichit de fleurs, de paniers fleuris, d’attributs musicaux et champêtres, de rubans et de nœuds de ruban. De plus, pour éviter une trop grande sècheresse du style à l’antique, les ébénistes le tempèrent par des frises légères à la romaine en bronze doré et ciselé et des arabesques gracieuses issues des peintures étrusques.
Parmi les motifs décoratifs caractéristiques du style, il y a les objets retrouvés dans les fouilles : les vases, les urnes aux anses rectangulaires, le trépied, la cassolette à parfum, les pots à feu, les denticules, les rosaces sont aussi empruntées à l’Antiquité comme les aigles, les dauphins, les têtes de bélier, les lions, les chimères, les sirènes et les griffons.
Importante paire de cassolettes en marbre de style Louis XVI
Les artistes de l’époque savent marier ces diverses influences avec légèreté et parcimonie : les décors sont plus mesurés, les fleurs n’envahissent pas la surface mais sont tressées en guirlande ou présentées dans des corbeilles, les bronzes s’allègent.
On apprécie l’iconographie des trophées dont on décline les thèmes : trophées guerriers mais aussi de musique ou même d’instruments scientifiques. Le goût pour l’Orient perdure et les marchands-merciers commandent aux ébénistes des meubles en laque de Japon et vernis européens.
Le « style antique » nommé parfois dans son expression raffinée la plus typique style « Marie-Antoinette », déborde le règne de Louis XVI (1774-1791) puisqu’il s’étend sur plus d’un demi-siècle jusqu’à la fin de l’Empire.