Débuté à la fin de la Restauration (1830), le règne de Louis-Philippe se poursuit jusqu’à la Révolution de 1848 quand les révoltes parisiennes le font abdiquer et prendre le chemin de l’exil. Le nouveau souverain ne cherche pas à promouvoir une esthétique de cour et les artisans forgent un style adapté à la nouvelle classe sociale montante, la bourgeoisie.
Gaine décorative d'époque Louis-Philippe
Le mobilier Louis-Philippe évoque un confort bourgeois où se mélangent toutes les influences qui ont émergé depuis la Restauration : le goût néogothique, la néo-Renaissance, et le style Louis XV. Mais malgré tout, ce style trouve une certaine unité dans des ensembles de meubles soigneusement fabriqués, solides, confortables et fonctionnels.
Le style Louis-Philippe est connu comme un style sobre et robuste. Alors que le style Charles X est fait de droites, d’arêtes et de pans coupés, les meubles Louis-Philippe, simples et robustes, ont un profil aux angles arrondis. De fabrication industrielle, les meubles sont assemblés en petite série et distribués par de grands magasins spécialisés.
Les meubles
Le style Louis-Philippe est dans le prolongement du style Restauration dont il conserve la structure sans en garder l’élégance raffinée. Les formes s’alourdissent, l’ornementation se stéréotype, l’inspiration puisse ses thèmes dans le Moyen Age puis dans la Renaissance vers la fin du règne. Le goût des pastiches annonce le Second Empire (1852-1870).
Vases de forme Renaissance époque Louis Philippe
On trouve une ornementation plus recherchée sur certains meubles qui conservent les formes à la mode : des meubles à incrustations de bois clair sur fond foncé, des meubles noircis décorés de bouquets de fleurs naturelles et rehaussés de nacre, enfin, des meubles d’inspiration médiévale.
Les bois clairs en faveur sous la Restauration sont abandonnés au profit des tons sombres de l’acajou, du chêne et du noyer.
Le répertoire ornemental est minimaliste. Les bronzes d’applique et les marqueteries, qui alourdissent les prix de revient des meubles, sont rares et toujours inspirés des motifs des styles précédents : palmettes, feuilles d’acanthe, coquilles, étoiles ou branchages de style Louis XV.
Des plaques de laiton ou de cuivre peuvent orner les entrées de serrure des tiroirs. Les incrustations sont assez rares ; elles sont soit en nacre sur les meubles de bois noir pour rehausser l’éclat des bouquets peints, soit en filet de bois clair sur l’acajou.
Cave à liqueur aillant appartenu à Louis Philippe en palissandre
La mouluration est presque inexistante. Les panneaux sont plats et sans moulures. Les montants droits et lisses sont sans ornementation, et leurs angles sont adoucis.
Les motifs d’ornementation sont peu nombreux. Des filets légèrement sculptés soulignent les volutes et les crosses. La feuille à larges pétales, les palmettes se trouvent sculptées sur les accotoirs et sur les pieds de table. Le motif en « cuisse de grenouille » est très caractéristique. On le trouve dans le piétement des meubles et des sièges.
Paire de candélabres à 7 lumières époque Louis Philippe
Les luminaires, les vases, les coffrets et l’argenterie gardent les motifs décoratifs de l’époque précédente qui perdent néanmoins en finesse et légèreté : on y retrouve les guirlandes, les couronnes et les bouquets de fleurs, les motifs gothiques, la palmette et la corne d’abondance.
Le changement économico-social provoqué par la Révolution de 1830 et les progrès de l’industrialisation ont des répercussions sur la production de verre en France.
Les teintes rares comme le turquoise, le rose gorge-de-pigeon et le cristal d’opale blanc à reflets violacés disparaissent. L’opaline s’opacifie progressivement. Elle perd ses caractéristiques françaises et imite de plus en plus les cristaux de Bohême. Entre 1830 et 1840 les bohémiens mettent au point des tons fixes, assez durs : le rose bonbon, des bleus céleste et outre-mer, des vert feuilles bien affirmés et des jaunes acides et vifs.
Coupe en porcelaine de Sèvres, époque Louis Philippe
Les surfaces sont relevées à l’or, ornées de feuillages, de couronnes ou de bouquets de fleurs très à la mode dans les années 1840. Le décor dit "ananas" en opaline blanche "pâte de riz" est particulièrement apprécié et recherché. Il se retrouve sur de nombreux pots à sucre, bonbonnières, confituriers ou sucriers fabriqués par les manufactures de l'époque, dont Baccarat ou Saint-Louis.