Peintures grand format dans nos collections

Peintures grand format dans nos collections


Le grand format et la peinture d'histoire

Au XIXe siècle, les peintres interprètent sur des grands formats tout ce qu'il touche leur époque et les époques anciennes, les scènes allégoriques et mythologiques ou encore les natures mortes inspirées par les grands maitres d'autrefois. Ces grands tableaux sont présentés au Salon ou destinés à décorer les intérieurs bourgeois. Le grand format est traditionnellement destiné à la peinture d'histoire, le genre noble par excellence, et un des fondements de l'enseignement académique depuis le XVIIe siècle.

Showroom antiquitéVue du showroom avec La Paix ramenant l'Abondance entourée par Soldant bandant un arc d'après Jacques Bousseau (1681-1740) et Le Guerrier d'Auguste de Wever (1836-1910)

A l’École des beaux-arts, l'apprentissage de la technique est complété par des cours théoriques, parmi lesquels des cours d'histoire et d'archéologie. Les sujets des tableaux proposés pour le prix de Rome de peinture sont tirés de l'histoire classique, de la mythologie et de la Bible, et les lauréats du "Grand Prix de peinture" connaissent une carrière couronnée de succès et d'honneurs officiels. En plus de hauts salaires offerts par de riches bienfaiteurs du système académique officiel, ils obtenaient aussi des commandes officielles.

Georges OchGeorges Och, Voyage de la Sainte Famille en Egypte, paysage historique, 1847. Salon de 1848.

Particulièrement abondantes durant la première moitié du XIXe siècle, les commandes de l’État contribuent à prolonger la suprématie des sujets historiques. Leur engouement était tel qu'on parle même du "siècle de l'Histoire".

Le genre et le déclin de la peinture d'histoire

Dans le système académique, les natures mortes sont reléguées à l'ordre le plus bas de la reconnaissance artistique. Mais la seconde moitié du XIXe siècle voit la hiérarchie académique des genres s'effacer quand la peinture d'histoire évolue dans un sens plus intimiste, en s'ouvrant à l'anecdote et au pittoresque. Parallèlement, les genres dites "mineurs" montent en puissance après 1848, quand on voit, pour la première fois, des représentations monumentales de la condition paysanne avec les toiles de Millet ou de Courbet. Les scènes narratives, puis les paysages et les natures mortes abandonnent les petits formats qui leur étaient jusque-là réservés, et empruntent le grand format, jadis voué exclusivement aux héros antiques et bibliques.

Nos deux natures mortes de plus de deux mètres de hauteur sont inspirées par les toiles de Gaspare dei Fiori (1667-1732), peintre italien baroque, spécialisé dans les riches compositions florales sur fond de paysage. Les toiles illustrant d'opulentes guirlandes de fleurs sont réalisées dans une palette de couleurs lumineuse et vive. Elles témoignent du goût historiciste et éclectique du Second Empire quand décor, mobilier et œuvres d'art s'inspirent des styles de la Renaissance, du XVIIe et XVIIIe siècles.

Les bouquets jaillissant des urnes à l'antique s'accordent parfaitement avec le mobilier laqué noir, aux lignes rocaille, richement décoré des motifs floraux polychromes, des salons Napoléon III. En effet, le thème floral se répand dans le décor du papier peint, des vases et des meubles et devient un élément typique des intérieurs bourgeois.

Tableau Gaspare Lopez Grande nature morte d'après Gaspare Lopez dit Gaspare dei Fiori (1667-1732)

ShowroomTrès grand paysage panoramique dans le goût de l'Ecole romantique, circa 1890

De par ses dimensions et le sujet représenté, le très grand paysage panoramique dans le goût de l'Ecole romantique a été probablement conçu comme un décor d'intérieur. Le paysage idéalisé, imprégné d'exotisme, incite au voyage et à la rêverie. Les artistes romantiques étaient attirés par les pays lointains, qui les confrontaient à une nature différente, parfois non contaminée par la civilisation.