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Galerie d'Art en ligne - Antiquités & Objets d'Art

Panorama en papier peint de Zuber & Cie : regard sur l’Amérique au XIXᵉ siècle - 25.000 EUR

Panorama en papier peint de Zuber & Cie : regard sur l’Amérique au XIXᵉ siècle - 25.000 EUR

08.07.25

Dans l’histoire de la décoration intérieure, rares sont les œuvres aussi spectaculaires et raffinées que les papiers peints panoramiques de la manufacture Zuber & Cie. Ces décors monumentaux, fruits d’un savoir-faire artisanal français unique, ont marqué les murs des demeures les plus élégantes d’Europe et d’Amérique, portant le regard et l’imaginaire des spectateurs vers des contrées lointaines. 

Zuber & Cie, une manufacture d’exception

Fondée en 1797 à Rixheim, en Alsace, la manufacture Zuber & Cie est l’un des derniers ateliers de papier peint panoramique encore en activité au monde. Dès ses débuts, Zuber se spécialise dans l’impression à la planche de bois gravée, une technique où chaque couleur d’un décor nécessite une planche distincte, façonnée à la main, allant jusqu’à plus de 1600 planches distinctes pour une série comme « Vues d’Amérique du Nord ». Les papiers peints une fois imprimés sont ensuite peints à la main pour rehausser couleurs, fonds et détails. Ce procédé confère une profondeur, une nuance et une richesse inégalées à leurs papiers peints, qui deviennent de véritables œuvres d’art.

La manufacture Zuber est la seule au monde à avoir maintenu la tradition de l'impression à la planche pour la création de décors panoramiques. Les archives de la manufacture conservent environ 130 000 documents, témoignant de la richesse et de la diversité de ses créations depuis plus de deux siècles.

La manufacture s’associe avec différents artistes pour réaliser ses séries et nous allons dans cet article explorer 2 célèbres séries : « Vues d’Amérique du Nord » et « L’Hindoustan »

 

« Vues d’Amérique du Nord » : le rêve américain vu d’Europe

Réalisée en 1834 par le peintre Jean-Julien Deltil (1791-1863), la série « Vues d’Amérique du Nord » incarne l’admiration et la curiosité que l’Europe romantique porte alors au Nouveau Monde. Composée de 32 lés*, cette fresque panoramique emmène le spectateur de la baie de New York aux rives pittoresques du Niagara, en passant par Boston, la Virginie ou les bords du Mississippi.

On y découvre des ports animés, tel celui de New York ou Boston, où bateaux à vapeur, voiliers et calèches témoignent de la vitalité commerciale ; des paysages grandioses, forêts, plaines ou chutes d’eau, sublimés par une lumière douce ; des scènes de vie mêlant colons, Amérindiens, esclaves et voyageurs, reflétant les tensions et la diversité de l’Amérique de la première moitié du XIXᵉ siècle. Véritable document historique, cette série allie exotisme, observation précise et poésie graphique

Ce décor panoramique a acquis une renommée internationale, notamment lorsqu'il a été installé dans la Diplomatic Reception Room de la Maison Blanche sous l'impulsion de Jacqueline Kennedy dans les années 1960. Cette pièce, initialement une chaufferie, a été transformée en salon de réception des diplomates, et le choix de ce papier peint visait à refléter l'importance historique et culturelle du lieu.

Nous disposons dans notre collection de 5 papiers peints contrecollés sur des panneaux en bois de la série « Vues d’Amérique du Nord » représentant 5 des 7 décors (23 des 32 lés) de la fresque globale :

Le premier panneau panoramique représente les chutes du Niagara. La scène s'ouvre sur une vue spectaculaire des chutes, inondées de lumière. Le regard embrasse à la fois la grandeur des falaises couronnées de forêts et la force torrentielle des cascades se jetant dans le fleuve. La composition, d’un équilibre pictural remarquable, met en valeur la majesté du site, délicatement soulignée par un ciel aux lumières irisées, typique des paysages peint à la main de Zuber. Le premier plan à droite anime la scène de figures en costume du XIXe siècle, une famille américaine assistant au spectacle, tandis qu’à gauche, un sentier sinueux longe la rive accidentée, ajoutant une profondeur narrative. La dimension pionnière de l’Amérique est soulignée au centre par des bateaux à vapeur et plusieurs voiliers, témoignant de l’essor du progrès technique et de l’ouverture du continent.

L'un des exemplaires de papier peint des chutes du Niagara de Zuber est actuellement conservé au Musée du Louvre : découvrir.

La scène ici représentée montre la baie de New York, cœur de la vie économique et urbaine de l’époque, point d’entrée et de sortie du « Nouveau Monde ». Des groupes d’élégants personnages, européens ou américains, en habits à la mode vers 1830-40, déambulent et discutent, illustrant à la fois l’idée de la promenade mondaine et de la découverte du Nouveau Monde par les élites. Une calèche tirée par plusieurs chevaux transporte des voyageurs, tandis que d’autres cavaliers et promeneurs animent la scène dans un esprit de curiosité et de sociabilité. Le panorama s’ouvre sur une vue spectaculaire de la baie de New York, animée de nombreux voiliers et de quelques navires à vapeur, symboles du dynamisme du port ouvert sur l’Atlantique et sur le monde. À l’arrière-plan, la skyline suggère l’étendue de la ville, ses premières grandes constructions, ses clochers... Les collines et les pins du premier plan viennent rappeler la nature alors omniprésente à l’orée de la ville en plein essor.

Le troisième panneau illustre une scène du port de Boston typique des premières décennies du XIXe siècle en Amérique du Nord. Au premier plan, un groupe de personnages vêtus de costumes d’époque charge et surveille des ballots, tonneaux et caisses sur la rive. Au second plan, de nombreux navires à voiles, au mouillage ou en train de décharger/d’embarquer, se découpent sur le ciel pastel, suggérant la vitalité du commerce maritime américain. À gauche, de grands arbres peint dans une palette bleutée et verdoyante, opposent la puissance calme de la nature à l’animation du port.

On observe sur cette scène une activité portuaire intense du Port de Boston. Des ouvriers et matelots s’affairent à charger et décharger des barriques et des marchandises. Dans la baie animée, plusieurs voiliers, barques et bateaux à vapeurs se croisent sur une eau animée, illustrant le dynamisme commercial de la ville. Au dernier plan on observe un panorama de la ville de Boston, structurée par un foisonnement de toits rouges et d'édifices publics ou religieux, d’où émergent de nombreux clochers.

Ce cinquième panneau met en scène, sur fond de paysages grandioses, une réunion entre des autochtones d’Amérique du Nord et des personnages européens. Au centre un groupe d'Amérindiens, parés de costumes traditionnels — plumes, mocassins, tuniques colorées — participent à une danse rituelle tandis que d'autres au second plan semblent les observer ou patientent. De part et d'autres, plusieurs groupes élégamment vêtus à la mode européenne du XIXe siècle (redingote, robes amples, ombrelles) observent la scène. À l’arrière-plan, se dresse un somptueux paysage composé de grands arbres, d’un massif rocheux spectaculaire, de montagnes boisées et d’une rivière sinueuse. L’arc monumental que l’on distingue semble représenter le célèbre "Natural Bridge" de Virginie, curiosité géologique fréquemment reproduite dans les panoramas romantiques de l'époque : un symbole de la grandeur et du mystère de la nature nord-américaine

ACQUÉRIR LE PANORAMA

Conclusion

Classés « monuments historiques », les bois gravés de Zuber sont aujourd’hui encore utilisés pour imprimer à la main ces panoramas. Les papiers peints Zuber continuent de séduire collectionneurs, décorateurs et passionnés d’histoire, s’offrant une nouvelle jeunesse dans des intérieurs contemporains, musées ou hôtels de prestige.

La série «Vues d’Amérique du Nord» témoigne du génie décoratif de Zuber & Cie, et de la capacité du papier peint panoramique à raconter des histoires, à transporter les occupants d’une pièce vers des mondes lointains. Héritiers d’une tradition deux fois séculaire, ces décors demeurent des invitations au voyage, à l’évasion et à la contemplation.

*un lé est la largeur d’un papier peint entre 2 lisières

Sources :